Le ski de vitesse : une tradition, "un code d'honneur"

Par Laurent SISTACK, 2ème vitesse mondiale (249,650 km/h), Champion du Modnde Pro 2001 , présent au plus haut niveau dans le ski de vitesse mondial depuis plus de 15 ans.

Depuis la création du Ski de Vitesse, il existe un "code d'honneur" tacite transmis d'une génération de coureurs à l'autre. Une des principales règles de ce code concerne le record du monde.
En kilomètre lancé, le recordman du monde a toujours été, non seulement l'homme qui a réalisé la plus grande vitesse de tous les temps sur une paire de skis mais aussi celui qui a battu, le jour "j", les coureurs les plus rapides venus du monde entier.
Tous savent que le recordman du monde les a battu à la régulière, selon un même règlement, sur la même piste, le même jour...
Chacun sait qu'il a eu sa chance, qu'il a donné le meilleur de lui même, mais qu'un, et un seul sera sacré. Celui là, et aucun autre, acquiert le respect de ses pairs. Malheureusement, pour certains, la frustration de l'échec est trop grande. Alors ils s'affranchissent du code d'honneur.
Libérés ainsi des contraintes du règlement, au détriment de la sécurité, de l'équité, de l'honneur, ils créent un matériel démesuré ultra performant , ils modifient les conditions de chronométrage, ils font un nombre illimité de passages, etc... Haute technologie, haute performance... L'illusion est parfaite.
Et parfois, ça marche, le voleur s'attribue la couronne. Le monde entier applaudit alors l'incroyable exploit... Après tout, qui hormis lui et une poignée d'autres savent qu'il existe au moins 10 coureurs régulièrement plus rapides ?...
Qui se souciera de savoir que la performance a été faite en dépit de toutes les règles de sécurité, d'équité, d'honneur ?...
Qui se rendra compte, par exemple, qu'elle a été mesurée sur 50 m au lieu des 100 m réglementaires ?
Pourtant, 50 m de sprint, est ce la même chose que 100 m ?..
Heureusement pour le Ski de Vitesse, jusqu'à présent, les dieux du sport ont toujours rapidement remis la couronne sur la tête de ceux qui la méritent... Mais pour combien de temps encore ?

Laurent Sistack